La Devotion – le Coeur de la Prière

(par E.M.Bounds)
La dévotion est un état d’esprit qui se trouve chez quelqu’un d’entièrement consacré à Dieu. C’est un esprit de révérence, d’émerveillement, de crainte de Dieu. C’est un état de cœur qui se manifeste devant Dieu dans la prière et l’adoration, qui est opposé à tout ce qui ressemble à la légèreté d’esprit, la plaisanterie mondaine, le bruit et la fanfaronnade. La dévotion a sa demeure dans le royaume du calme; elle se tait devant Dieu. Elle est sérieuse, pensive, méditative. La dévotion appartient à la vie intérieure, elle habite « en cachette », mais apparaît aussi dans les réunions publiques du sanctuaire. Elle fait partie de l’esprit même de la véritable adoration, et relève de l’essence même de l’esprit de prière.

La dévotion appartient à l’homme dévot, pieux, dont les pensées et les sentiments sont consacrés à Dieu. Un tel homme a abandonné son esprit entièrement à la vie chrétienne, il possède une profonde affection pour Dieu et un amour ardent pour Sa maison. Corneille était un homme « pieux et craignait Dieu, avec toute sa maison; il faisait beaucoup d’aumônes au peuple, et priait Dieu continuellement ». Dieu peut se servir des hommes de cette qualité de façon merveilleuse, car les hommes pieux sont des agents de choix pour faire avancer Ses plans.

La prière développe l’esprit de dévotion, tandis que la dévotion favorise les meilleures prières. La dévotion fait progresser la prière et aide à conduire la prière droit vers le but qu’elle recherche. La prière s’épanouit dans une atmosphère de véritable dévotion. Il est facile de prier lorsque nous sommes dans un esprit de dévotion. L’attitude de notre intellect et l’état du cœur requis par la dévotion rendent la prière efficace, pour qu’elle atteigne le trône de la grâce. Dieu a Sa demeure là où réside l’esprit de dévotion.

L’essence même de la prière, c’est l’esprit de dévotion. Sans la dévotion, la prière n’est qu’une coquille vide, des paroles en l’air. Il est triste de constater que cette forme de prière est très courante dans nos églises aujourd’hui. Nous vivons dans une ère toujours pressée, affairée, active, et c’est esprit d’agitation a envahi l’Eglise de Dieu. Ses prouesses religieuses sont nombreuses. L’Eglise travaille la religion avec l’ordre, la précision et la force d’une vraie machine. Mais trop souvent elle travaille avec le même manque de cœur qu’une machine. Il y a de ce mouvement de manège dans notre routine incessante d’activités religieuses. Nous prions sans prier. Nous chantons sans chanter selon l’Esprit. Nous fréquentons l’église à force d’habitude, et nous sommes très contents de revenir chez nous lorsque la bénédiction finale est prononcée. Nous lisons notre chapitre habituel dans la Bible, et nous nous sentons plutôt soulagés lorsque la tâche est accomplie. Le christianisme touche tout, sauf nos cœurs. Il engage nos mains et nos pieds, il s’empare de nos voix, il empoigne notre argent, il touche même notre posture corporelle, mais il ne s’empare pas de nos affections, de nos désirs, de notre zèle, pour nous rendre sérieux, éperdument fervents, pour nous faire taire et devenir des adorateurs dans la présence de Dieu.

L’activité n’équivaut pas à la force. Le travail n’équivaut pas au zèle. L’activisme est souvent le symptôme reconnu de la faiblesse spirituelle: il peut nuire à la piété lorsqu’il se substitue à la véritable dévotion dans notre adoration. L’enfant est plus actif que son père, qui – lui – porte peut-être la gouvernance et les fardeaux de tout un empire sur ses épaules et dans son cœur. L’enthousiasme est plus actif que la foi, alors que l’enthousiasme n’est pas capable de déplacer des montagnes, ni d’invoquer aucune des forces omnipotentes que la foi peut commander.

La grande défaillance de l’Eglise moderne, c’est l’absence de l’esprit de dévotion. Nous entendons des sermons dans le même état d’esprit que nous écoutons un cours magistral ou un discours. Nous nous rendons à la maison de Dieu comme si ce n’était qu’un lieu ordinaire, au même niveau que le cinéma, la salle de fêtes. Nous manipulons les choses sacrées comme s’il s’agissait des choses du monde. Il faut que nous mettions l’esprit de dévotion dans les affaires du lundi, aussi bien que dans la louange du dimanche. Il nous faut l’esprit de dévotion pour nous rappeler la présence de Dieu, pour faire continuellement la volonté de Dieu, pour diriger toutes choses toujours vers la gloire de Dieu.

L’esprit de dévotion met Dieu dans toutes choses. Il met Dieu non simplement dans ses prières et dans sa fréquentation de l’Eglise, mais dans toutes les occupations de la vie. « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10:31). L’esprit de dévotion rend les choses ordinaires de ce monde sacrées, et les petites choses, grandes. Par cet esprit de dévotion, nous allons au travail le lundi dirigés par cette même influence et inspirés par ces mêmes influences qui nous ont poussés à fréquenter l’église le dimanche. L’esprit de dévotion transforme le samedi en sabbat, et le magasin ou le bureau deviennent le temple de Dieu.

Cet esprit de la dévotion remplit entièrement les saints au ciel, et caractérise l’adoration des intelligences célestes, les anges. Aucune créature dépourvue de l’esprit de dévotion n’existe là-haut dans le monde céleste. Dieu est là, et Sa présence même engendre l’esprit de révérence, de crainte émerveillée, et de la peur véritable. Si nous souhaitons réellement y participer avec eux après la mort, nous devons d’abord apprendre cet esprit de dévotion ici-bas, avant d’arriver là-haut. La prière doit être enflammée. Son ardeur doit consumer. La prière sans ardeur est comme le soleil sans lumière ni chaleur, ou comme une fleur sans beauté ni flagrance. Une âme consacrée à Dieu est une âme fervente, et la prière est la manifestation de cette flamme. Celui-là seul qui est tout enflammé pour la sainteté, pour Dieu, et pour le ciel, peut vraiment prier.